Conférence : Nicolas Sbarrato nous parle du complexe Turcot

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Conférence : Nicolas Sbarrato nous parle du complexe Turcot

Diplômé en génie chimique et en sciences de l’environnement, Nicolas Sbarrato œuvre depuis plus de 10 ans dans le domaine des sols contaminés. En tant que chargé de projet, il a mené de nombreuses études et réhabilitations environnementales de site en milieux résidentiel, commercial/industriel, municipal et gouvernemental.  Depuis janvier 2017, il agit également en tant qu’expert désigné selon la section IV.2.1 de la Loi sur la Qualité de l’environnement.

Parlez-nous de l’historique de contamination de la cour Turcot.

C’est un cas particulièrement intéressant puisqu’il s’agit d’une ancienne cour de triage ayant supportée pendant plusieurs années des activités liées au transport ferroviaire. On retrouve ainsi beaucoup de contaminants organiques d’origine pétrolière, avec une répartition typique sous forme de panaches ponctuellement localisés près des sources de contamination. Une autre particularité est que cette cour de triage avait été construite à l’emplacement d’un ancien lac qui a été remblayé par divers matériaux d’origine inconnue, mais ayant un profil de contamination significatif. La nature de ces matériaux (principalement des résidus de fonderie) et leur proportion dictent un second profil de contamination avec une répartition beaucoup plus aléatoire sur le site.

Quels seraient les défis d’une telle décontamination?

Le principal défi est l’envergure de la contamination, en termes de quantité, d’étendue, mais aussi et surtout d’accessibilité. On retrouve, sur la majorité du site, un grand nombre d’infrastructures existantes (autoroutes, bretelles d’accès, voies ferrées, rues, etc.) qui doivent être maintenues en service jusqu’à l’ouverture des nouvelles voies. Au niveau des quantités, c’est environ 140 000 m³ de matériaux contaminés à excaver, soit environ 10 000 à 14 000 camions.

Quels outils proposez-vous afin de faciliter l’étude?

Les outils développés sont utilisés à plusieurs niveaux. Tout d’abord, les objectifs de réhabilitation ont été établis, dans le respect de la législation en vigueur, afin de minimiser les impacts environnementaux. Grâce à l’avènement des appareils mobiles connectés (tablettes ou téléphones intelligents), la collecte, l’organisation et la synthèse de données théoriques pour la planification des opérations sont optimisées et le partage d’informations, des relevés et des suivis sur terrain en temps réel sont grandement améliorés. Finalement, une carte virtuelle de contamination utilisée directement dans la machinerie d’excavation grâce à des équipements d’arpentage mobiles permet une réduction des temps d’opération.

Parlez-nous des enjeux de logistique liés à une aussi grosse infrastructure qui est très achalandée.

L’échangeur Turcot comprend 12 bretelles totalisant près de 8 km sur lesquelles transitent chaque jour 300 000 véhicules. Il permet de relier notamment le centre-ville à l’ouest de l’Île, mais également le pont Champlain et l’autoroute Décarie. Dire que l’échangeur est un point névralgique du transport dans la région de Montréal serait un euphémisme… Outre le défi de maintenir la mobilité avec le moins de répercussions possible pour les usagers, le fait que ces structures soient « aériennes » amène une complexité supplémentaire. Finalement, travailler au cœur d’un tissu urbain à forte densité conduit à différents défis de « bon voisinage » où la communication, la planification et l’optimisation opérationnelles sont essentielles.

 

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